Compte rendu des 11èmes Rencontres et 1er Colloque International de l’AECiut

XIèmes Rencontres et 1er Colloque international de l’AECIUT – IUT Toulouse 2 Blagnac – 9 -11 mai 2012

Fondements théoriques, représentations, réalités de l’Expression Communication dans les IUT – Bilan et perspectives

Compte rendu

Le colloque a accueilli cette année à Toulouse 105 enseignants de communication. Les Actes du Colloque seront publiés ultérieurement.

Mercredi 9 mai

Table ronde introductive : « Légitimation de l’enseignement de l’expression-communication en regard des besoins socio-professionnels et des impératifs socio-économiques ».

Rodolphe Dalle, Président de l’AECIUT

Jean-François Mazoin, Président de l’ADIUT, Directeur de l’IUT A – Toulouse 3

Pierre Molinier, Directeur du LARA

Arlette Bouzon, LERASS

Hervé Pero, Directeur à la Direction Générale de la Recherche et de l’Innovation à la CE

Laurence Redon, Directrice de l’IUT Toulouse 2 – Blagnac

Stefan Bretosin, Président du Comité scientifique du colloque

Les points débattus pendant la table ronde sont les suivants :

  • La place de l’expression-communication dans les PPN (rapport au cœur de compétence, notion de transversalité).
  • La place de la communication dans le monde professionnel, qui évolue, et le rôle fondamental de l’analyse de la communication (pour savoir réduire les peurs, savoir écouter, générer la confiance par la compétence). Il est nécessaire de penser la communication.
  • La distinction BTS/DUT, du point de vue des profils de carrière et des compétences en communication attendues dans le monde professionnel, est indispensable. En effet, le titulaire d’un DUT aura un poste de maîtrise intermédiaire et devra à ce titre gérer la gestion de l’information, mais aussi savoir utiliser le langage professionnel, dont on peut souligner la dimension technique, humaine et éthique, et la langue anglaise.
  • La nécessité de trouver une dénomination pour la discipline porteuse de la complexité du champ de la communication et à même de concourir à sa reconnaissance. Il semble utile de distinguer Expression (maîtrise de la langue et échange de l’information) et Communication (capacités interpersonnelles, liées à la psychologie sociale) pour mieux faire valoir leur complémentarité.
  • La complémentarité, entre la Recherche et la Pédagogie (qui concerne les niveaux DUT et Licence) doit être aussi soulignée. Il faut en effet construire une pédagogie qui lie savoir, savoir-faire et savoir être.

• Axe 1 – L’historique

L’histoire de la discipline souvent appelée « Techniques d’expression et de communication », les définitions successives de l’enseignement de l’expression, de la communication, de la culture, et les disciplines scientifiques convoquées.

Jérôme Hennebert et Anne Parizot : « Quelles évolutions de l’enseignement de la communication d’hier à aujourd’hui ? »

Question à l’issue de l’exposé : Quel bornage imposer ? A quelle(s) sections(s) rattacher notre discipline ?

Laurence Créton : « Que reste-t-il de la littérature comparée quand on enseigne la communication à l’IUT ?

Débat : Anthropologie de la communication et pédagogie sont au cœur de la réflexion. Il faut aussi poser la question de la place de la culture dans nos pratiques.

• Axe 2 – Les intervenants

Qui est l’enseignant de communication ? D’où vient-il ? Quelle est l’influence de l’origine disciplinaire de l’enseignant sur ses enseignements ? Quelles représentations les enseignants d’expression-communication ont-ils d’eux-mêmes, de leurs enseignements ? Quelles représentations les enseignants des autres disciplines ont-ils de l’enseignant de communication ? Les modèles théoriques disciplinaires font-ils partie des références des acteurs de ces enseignements ? Sur quels paradigmes peut-on construire une formation des enseignants en communication pour une mise en cohérence nationale des enseignements ?

Amélie Legrand et Cécile Tardy : « Les représentations de l’enseignement de la communication en IUT : étude comparée de deux expériences au sein des départements informatique et hygiène, sécurité et environnement ».

Débat : La nécessité de mettre en place un socle commun, soulignée par les intervenantes, a motivé plusieurs membres de l’AECIUT à rédiger un manuel de communication destiné à tous les IUT. C’est une préoccupation centrale également exprimée par l’AECIUT dans la note de cadrage sur les nouveaux PPN de DUT (janvier 2012).

Christine Carrere-Saucede et Maryem Marouki : « Enseigner les TEC en IUT : entre déperdition de compétences et repositionnement » .

Débat : L’AECIUT rappelle qu’elle a déjà mené une enquête auprès de tous les IUT de France sur la même thématique, qui rejoint en partie les résultats évoqués par cet exposé. Les approches qualitatives et quantitatives se complètent donc.

Concernant la formation des enseignants, la formation supplémentaire en SIC serait un moindre mal. Une question s’impose peut-être : afin d’établir un référentiel de compétences, ne faudrait-il pas faire intervenir les professionnels de l’entreprise ?

Thibaud Hulin et Chrysta Pellissier : « Enseigner la communication écrite à l’ère du numérique ».

Débat : L’exposé a mis en lumière deux notions clés : métacommunication et métacognition. La formation dans le numérique est manifestement un manque dans les programmes.

Synthèse :

La nécessité d’un socle commun et d’un référentiel est au cœur des préoccupations exposées.

Mise en place d’une formation en SIC, création d’un CAPES et d’une agrégation en communication, d’un labo TEC au sein du LERASS, sont autant de pistes qu’il nous faut examiner.

L’histoire nous montre qu’il a existé une formation en TEC dans plusieurs universités, avant la dichotomie TEC en IUT et SIC en UFR.

Paradoxe : la plupart des enseignants de la 71ème section sont en IUT. L’AECIUT a clairement pour objectif de faire le lien entre la recherche et la pédagogie autour de l’expression et de la communication.

Jeudi 10 mai

• Axe 3 – Les représentations sur les contenus de formation Quelles sont les représentations des étudiants des filières IUT sur les enseignements en SHS et communication ? des enseignants des secteurs technologiques sur ces enseignements ? Les objectifs des enseignants concordent-ils avec les finalités des PPN et les besoins des étudiants ?

Atelier 1

Jean-Claude Domenget  : « Quels ancrages théoriques pour s’adapter au nouvel environnement sociotechnique ? » Les deux ancrages proposés sont la médiologie et la sociologie des usages.

Débat : Un autre ancrage possible, plus littéraire : Surveiller et punir de Foucault (le panoptique).

Rodolphe Dalle : « Littérature et communication »

Débat : Vision humaniste et vison utilitariste (professionnalisante) de notre métier ne sont pas à opposer. Notre originalité préside dans cette coordination.

Atelier 2

Ali Khardouche : « Expression Communication, retour d’expériences »

Daiana Manoury Dula : « De la pratique à la théorie : l’exemple du module Théories de l’Information et de la Communication dans la formation SRC »

Notions essentielles abordées :

  • Place de la conception et de l’abstraction
  • Savoir être et savoir-faire

Il faut identifier les compétences des enseignants pour la formation en IUT.

Hélène Cussac : « Accommodation et valorisation des lettres en IUT »

• Brigitte Pradin : Des anciens aux nouveaux PPN Organisation du travail des CCN- CPNs. – Rénovation des programmes des DUT dans le cadre des arrêtés de 2005.

Raison principale de ce mouvement : rénovation des programmes de lycées.

Eléments transversaux : langues, PPP, EC, stages, projets. 16 mai : réunion de lancement des secrétariats et présidents des CPN.

  • Volume horaire global de 100h par étudiant au minimum.
  • Volume de TP d’au moins 1/3
  • Coeff global de 7 (sur 120). Pas de différenciation entre secondaire et tertiaire.
  • Pas de découpage modules expression écrite et communication orale
  • Positionnement sur 4 semestres
  • Progression dans les semestres : S1 Eléments fondamentaux de la communication S2 Communication, information et argumentation S3 Communication des organisations S4
  • Communication professionnelle
  • Intitulé de la discipline : à déterminer.

Liste des compétences : celles de la note de cadrage de l’AECIUT.

Calendrier :

  • Juin – Nov 2012 : Première version des référentiels de formation et de certification, des modules complémentaires et définition de la pédagogie
  • Publication en avril – juin 2013

Débat : On note la reprise dans les grandes lignes la note de cadrage de l’association, avec notamment une hausse du volume horaire global.

Il manquerait la notion transversale de créativité, mais qui peut se décliner différemment.

La communication n’apparaît pas néanmoins comme cœur de métier ni de compétence.

Atelier 1 : Convergence entre modèles théoriques de référence et réalités professionnelles

Pistes de réflexion :

  • Convergence : problématique (diversité au cœur des débats depuis le début du colloque).
  • Modèles théoriques de référence : liste très longue.
  • Réalités professionnelles
  • Deux pistes : trouver un nom et déterminer un référentiel de compétences pour les fiches modules (items et niveaux de compétences)

Débats autour de l’intitulé, de propositions d’intitulés :

  • Communication (le plus petit dénominateur commun)
  • Expression Communication
  • Culture et Communication
  • ETHICC (Expression Transmission Humanités Information Culture Communication)
  • ECC (Expression Culture Communication)
  • Pratiques de communication / des communications

• Axe 4 : Les enseignements similaires à l’étranger

Comment ces enseignements s’intitulent-ils ? Quel est leur contenu ? Sont-ils rattachés à une discipline fondamentale ?

Gérard Ryder (Irlande) : « Témoignage d’un enseignant de Communication » dans un Institut de Technologie à Dublin.

Intitulé des modules dans 2 spécialités (sous forme de projets) :

Technical Communication and Computing – 3h

Engineering Skills – 1h de communication

La pédagogie est axée sur la réflexivité, le mind mapping, la recherche personnelle de l’information, la publication de rapports en ligne avec corrections successives (logiciel « turn it in »), le travail en autonomie (à partir de ressources mises en ligne par l’enseignant). Les problèmes rencontrés par les étudiants sont essentiellement d’ordre rédactionnel.

Gerard.ryder@ittdublin.ie

Ph. Sylvia R. Sigales Ruiz : « Témoignage sur l’enseignement de la communication : un regard sur la formation universitaire au Mexique ». Faculté de psychologie de Colima.

L’exposé met l’accent sur la différence entre compétences professionnelles réelles et croyance en un savoir-faire. Le problème est surtout l’absence de maîtrise de la langue non seulement à l’université mais aussi en milieu professionnel (savoir faire des messages clairs).

Zeineb Ben Ghedhahem : « Modules de Techniques d’expression communication dans les filières technologiques en Tunisie » (ISET)

Etat des lieux : maîtrise approximative de la langue française, compétences communicationnelles lacunaires.

Réponse : mise en place de modules de Techniques d’expression communication dans les années 2000. Mais la reconnaissance académique de la discipline est inexistante. L’enseignement des modules revient aux professeurs de français, titulaires d’une maîtrise de langue ou littérature. Or, personne n’a été informé du contenu, ni formé à celui-ci.

Les questions et angoisses des enseignants sont identiques à celles des enseignants des IUT.

2004 : élaboration du premier référentiel de compétences (projet FSP) en vue d’une harmonisation du programme dans les ISET. Mais il n’est pas appliqué partout.

Vendredi 11 mai

Mokhtar Belarbi : « L’enseignement du module TEC dans l’Université marocaine », module transversal depuis 2004.

Dans un premier temps, les TEC ont été enseignées dans les établissements technologiques, notamment dans les EST. Informatique, français et communication sont considérés comme les clés du succès.

Une formation en TEC a été créée pour trois années et a été sanctionnée par un CAPES.

A partir de 2004, on a généralisé les TEC dans le module LCI (Langue, Communication et Informatique) des universités. En revanche, ce sont des universitaires, qualifiés dans d’autres domaines, qui assurent les enseignements.

Les programmes ne sont pas unifiés, même s’ils suivent une progression commune.

Une enquête portant sur la représentation des enseignants sur ce module souligne néanmoins les apports positifs de celui-ci.

Débat :

La formation continue institutionnelle qui existe au Maroc nous intéresse tout particulièrement. En effet, notre droit à la formation continue en France (20h par an) n’est pas respecté.

Jacqueline Lafont-Terranova : « Des ateliers d’écriture en expression communication : quels ateliers, pour quels effets ? »

Modèle didactique de la compétence scripturale : savoirs, savoir-faire, représentations/rapport à l’écriture. Les ateliers d’écriture sont des dispositifs qui aident à se construire comme sujet écrivant.

Emprunts à la génétique textuelle : il s’agit d’amener le scripteur à dialoguer avec lui-même. L’écriture est pensée comme processus.

Recherches sur les ateliers d’écriture. Les effets positifs de la réécriture : réassurance, mise à distance du processus d’écriture, amélioration des texte produits.

Atelier en DUT : module en EC (12 à 16h). Séances d’écriture créative inspirée de l’atelier de loisir : lecture des productions, production d’un dossier avec toutes les versions des textes écrits.

L’objectif d’engagement dans le processus d’écriture-réécriture fonctionne bien.

• Atelier : Déclinaison des conclusions du colloque dans les nouveaux PPN

  • La convergence passe par un souci de prise en compte de la matière, par les échanges de nos pratiques, et par notre investissement.
  • La différence de nos statuts, de nos ancrages disciplinaires et de nos expériences est notre richesse.
  • La notion « d’action recherche » est une piste à creuser : mise en relation entre pratique de terrain et analyse en vue de nouvelles pratiques.
  • Une formation continue institutionnalisée est à mettre en place.
  • Le nom donné à notre matière est finalement déterminé : il s’agit de « Communication » qui peut être enrichi, dans chacune des CPN, par les mots clés avec un tiret (expression, culture). Mais la notion de TEC doit disparaître.
  • La rédaction des PPN dans chaque CPN demande une organisation : un enseignant de communication par CPN (volontaire) sera chargé de contacter son PACD, de convoquer les collègues de toute la France et de programmer une réunion de travail courant septembre et octobre 2012.

Prochaine AG : 5 octobre 2012 à 14h à l’IUT de Paris.

Points à prévoir à l’ODJ, afin de préparer les prochaines rencontres : mise en œuvre des programmes, projet OPALE, certification, dimension internationale, site de l’association.

Conclusion de Patrick Laurens : il faut défendre la spécificité de la formation en IUT au sein des universités et se poser la question de la définition de la pédagogie par la technologie.

Caroline Courbières – Conférence invitée de clôture : « Une discipline de consensus : utopie ou perspectives ? »

Compte rendu rédigé par Anne-Marie Hinault, secrétaire de l’AECIUT

Documents joints : Colloque international _ IUT Toulouse 2 Blagnac