Les Conférences débats de l’AECIUT : questions à Gerald Bronner

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Mercredi 10 mars 2021, 17h30-18h30

L’une des compétences fondamentales que nous enseignons à nos étudiants est sans conteste la capacité à rechercher et sélectionner une information fiable et de qualité, gage d’efficacité professionnelle et enjeu citoyen majeur. Au sein de l’association, cette problématique a souvent été traitée, que ce soit dans des ressources disponibles sur notre site, ou dans nous publications.

A ce sujet, nous connaissons en partie, tant elle est riche, l’œuvre de Gerald Bronner, qui a inspiré quelques-uns de nos cours. 

C’est pourquoi nous sommes ravis que cet auteur ait accepté notre invitation à donner une conférence en ligne pour les membres de l’AECIUT et nous le remercions d’avance très chaleureusement. 

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Gérald Bronner a obtenu un doctorat de sociologie en 1995, il est l’auteur en 2003 de L’Empire des croyances (PUF) et en 2007 d’un roman Comment je suis devenu super-héros (Les Contrebandiers). En 2013 La Démocratie des crédules (2013) connaîtra un important succès critique et public. Il publie en 2019  Déchéance de la rationalité (Grasset) et vient de paraitre un essai Apocalypse cognitive (PUF) dont la presse s’est emparé.[1]

Depuis plusieurs années, ce professeur à l’université de Paris, éditorialiste du Point, critique le maniement de la peur, et toutes les émotions qui nous empêchent de raisonner. La part du numérique n’y est pas pour rien.

Très attaché à la raison, il est souligne que l’expression « temps de cerveau disponible » qui est passée dans le langage commun[2] est révélatrice d’un phénomène. La captation de notre attention est au centre d’une économie – ou écologie – de l’attention qui a évolué : l’écran et ses images en mouvement est l’arme idéale « pour cambrioler notre cerveau ». Le chercheur estime que notre temps de cerveau disponible a été multiplié par huit depuis 1800, et que cela génère un « marché cognitif » sur lequel circule les pires théories de la part de n’importe qui. En effet maintenant « un anonyme antivaccin complotiste est en mesure de contester directement, sans intermédiation, un prix Nobel de médecine, le premier pouvant même se targuer d’avoir une audience plus importante que le second[3] ».

Contrairement à ce que l’on a pu longtemps penser, ce ne sont pas les idées les plus favorables au bien commun qui s’imposent, mais les rumeurs ou théories les plus folles qui attirent notre attention et flattent notre goût pour l’indignation, le conflit et la peur, et dont nous tirons une satisfaction cognitive. Dans ces conditions, il est beaucoup plus difficile au vrai de s’imposer. Le rôle des gardiens, les gate keepers en théorie de la communication, est donc devenu crucial. Les éléments les plus visibles sont les plus populaires, mais pas forcément les plus pertinents et le risque d’uniformisation, d’emprisonnement dans des convictions sclérose notre pensée.

Pour lutter, Gérald Bronner conseille la créativité, l’art, le recours à la science, à la pensée méthodique, la reprise en main personnelle de sa raison. La séduction du scandale est une sucrerie pour l’esprit et la contrer nécessite une force d’opposition. En tant que professeurs de jeunes adultes, notre rôle est donc d’armer leurs esprits.

[1] https://www.lci.fr/societe/video-analyse-du-livre-apocalypse-cognitive-de-gerald-bronner-2175449.html

[2] En 2004 Patrick Le Lay déclarait que la mission de TF1 était de vendre à Coca-Cola du « temps de cerveau humain disponible).

[3] Propos rapportés dans son interview au magazine Télérama du 3 février 2021

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Pour rejoindre la conférence 

https://u-bordeaux-fr.zoom.us/j/86308935217?pwd=OEdkNFVUd0doMy9LMWxzMmE4cjYvUT09

ID de réunion : 863 0893 5217

Code secret : 093216

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